"520PF Plongée dans l'univers étrange de l'hospitalisation"

1 - 520PF Introduction

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Etre hospitalisé signifie véritablement être en rupture avec le monde extérieur, avec la vie ordinaire.

L'accident, aléa bête et brutal, vient te saisir comme un aigle dans ta petite vie tranquille, bien réglée, et il t'emmène dans ses serres tout là-haut dans son aire. C'est fini. Tant que tu resteras dans ce repaire tout là-haut, rien ne sera vraiment comme avant.

         Pas mal la métaphore de l'aigle, mais pour ce qui est de cette (més)aventure, l'altitude ne correspond pas trop, on se verrait plutôt tomber au fond d'un trou, d'une fourmilière, d'une mine, ou quelque chose comme çà…

         Au fond d'un trou ou tout là-haut dans l'aire de l'aigle, peu importe au fond, le fait est que les règles différent de celles qui prévalaient jusque là …

         L'accident, la douleur, le traumatisme sont le départ de cette brutale déconnection du monde vivant ordinaire.

         Suivront, heureusement pour moi, des temps progressivement meilleurs, avec les soins et, plus tard, la guérison.

         Reprenons la métaphore de l'aire de l'aigle, après tout, c'est quand même plus glorieux…

         C'est un endroit bigrement isolé ! Tu es là-haut, tout seul, et tu aperçois, en spectateur impuissant, la vie qui grouille tout là-bas, dans la vallée. Mais ici, point. On se retrouve vite face à soi-même. Un soi-même que jusque là tu n'avais pas pris le temps de regarder dans le blanc des yeux, et qui ne te lâchera plus. Tu te retrouves en tête à tête avec toi-même en toute humanité.

         Cà fait tout drôle !

         Ce truc m'est arrivé bêtement et tout ce que je faisais jusque là sans y penser devient aujourd'hui difficile voire impossible à réaliser seul. Tous ces petits actes de vie quotidienne prennent alors une place et une importance disproportionnées… L'évènement, l'aléa qui m'ont précipités dans cet état de dépendance, me rappellent des héros dont la vie a aussi basculé, un jour. Fictifs ou réels, leur expérience me sera utile, ils deviendront mes maîtres à penser dans mon aire, qui aurait pu être île ou goulag. Leur qualité essentielle est l'adaptabilité. C'est cette compétence qui te permet de supporter sans trop de dommages une telle modification de ton rythme de vie, c'est celle-là qui leur a apporté les ressources suffisantes pour survivre dans ces nouvelles conditions plutôt hostiles.

Ma première référence théorique sera Robinson Crusoë. Cet être est fictif certes, mais tellement convaincant alors qu'il use des connaissances scientifiques  de son époque pour composer, ou recomposer un petit monde acceptable pour un gentleman de son statut. Pour les jeunes lecteurs (dont je fus) découvrant ses (més)aventures, il reste un modèle d'ingéniosité, de débrouillardise, il parviendra en effet à aménager son environnement pour le rendre vivable, et même durable comme dirait mon lapin.

         En outre, il baptisa l'île sur laquelle il échoua du nom de « Speranza », qui signifie « Espérance », ceci prendra tout son sens dans la seconde partie de ce récit.

         On garde tous en tête cette image « so british » de Robinson marchant sur la plage avec chapeau et …Parapluie !

 

         L'autre exemple auquel je veux me référer est celui, plus proche quoique plus tragique, d'Ivan Denissovitch. Cet avatar créé par Alexandre Soljenitsyne, survit dans un goulag de la belle époque du Stalinisme triomphant. Son ingéniosité et sa force vitale le sauveront. J'ai aimé en particulier, et c'est ce qui fait que je l'ai choisi comme Maître Théoricien, sa débrouillardise dans toutes les petites choses de la vie : comment il fait pour préserver un peu de nourriture, comment il se protège du froid, … Son expérience en milieu (très) hostile m'aidera en milieu (parfois peu) hospitalier.

         Flanqué de mes deux maîtres, éclairés eux-mêmes des lumières de leurs géniaux auteurs, me voici donc entrant à l'Hôpital après cette (bête) chute de vélo : fractures au rendez-vous…

         J'entre là dans ce nouveau monde qui va me soigner, mais qui comporte aussi, si l'on sait bien regarder, ses travers, ses tares, ses énormités parfois…

         Mais allons-y, entrons !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


07/03/2009
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