"520PF Plongée dans l'univers étrange de l'hospitalisation"

20 - Et pourtant, c'est marqué "La Poste" là...

Et pourtant, c'est marqué « La Poste » là !

 

Une fois n'est pas coutume, le récit qui va suivre est purement inventé, mais il fallait bien que je me défoule un petit peu après avoir attendu ce courrier aussi longtemps. Voici de quoi il s'agit. Tu te souviens, j'étais allé à Salenvrac, où un interne m'avait enfin donné l'autorisation de prendre appui sur ma jambe, ce qui signifiait pour moi le début de la remise à la marche. Tu sais comme j'attendais ce moment avec impatience. Mais le courrier ne m'a pas été remis, et le médecin préférait (bonjour la confiance !) le recevoir avant de m'autoriser à démarrer l'appui… Et la lettre tardait…J'ai donc réfléchi et imaginé le cheminement de cette lettre, qui a, quand même, parcouru près de 8km en l'espace de 6 jours ! Record à battre !

 

Mais voici ce qui s'est (probablement) passé :

L'interne, le mercredi 11, me dit que c'est OK, et qu'il va faire un courrier. Il a le dictaphone en main, mais, retenu par un manque d'inspiration soudain, il ne le dicte pas tout de suite. Il quitte ma chambre et vaque à ses occupations. Vers dix huit heures, il passe machinalement la main dans sa poche, et retrouvant le dictaphone, se souvient qu'il doit dicter mon courrier. Il procède donc à l'enregistrement sur une petite cassette. Il est déjà assez tard (quand je te dis que ce sont les internes qui travaillent le plus !) et laisse donc la cassette dans la poche de sa blouse, se disant que le lendemain, dès le matin, il la donnera à la secrétaire.

         Le lendemain, le 12, il arrive au vestiaire, se change, et s'en va chercher un café, discute avec l'un, avec l'autre. Il rencontre son chef de service, évoque avec lui les dossiers de vingt sept patients (impatients) et, machinalement, vers 11h15, glisse la main dans la poche. Ses doigts habiles (il est interne en chirurgie) reconnaissent la cassette et lui remettent mon courrier en mémoire. Il se rend donc, dès que possible, au bureau des secrétaires…Mais il est déjà (comme le temps passe !) 11h55, et les secrétaires, prévoyantes, sont parties déjeûner. Il remet donc la cassette dans sa poche et se dit que, lui aussi, a un petit creux… L'après-midi suit son cours, tranquillement, quand tout à coup, vers 15h00, il glisse la main dans sa poche. Ses doigts habiles (il est interne en chirurgie)… Alors, il court au bureau des secrétaires, et les trouve qui reviennent juste de leur pause café.

         L'après-midi même, car les secrétaires sont des gens sérieux, le courrier est tapé, mis sous enveloppe, prêt à être posté. Mais il est déjà 16h00 et le vaguemestre (le fonctionnaire chargé du courrier) ramasse le courrier à poster à 15h30, et les enveloppes prêtes à poster restent là pour la nuit quand la dernière secrétaire quitte le bureau vers 16h58.

         Le lendemain, le vaguemestre se sent fatigué.

C'est vrai qu'on est déjà vendredi. Bah ! Se dit-il, bientôt le week-end ! Il fait, comme sa fiche de poste l'exige, le tour des services pour distribuer le courrier arrivé et emporter le courrier en partance. Il arrive au bureau des secrétaires vers 15h15. Le temps de plaisanter un peu avec l'une, un peu avec l'autre, il emporte mon courrier vers 15h45. Il dépose tous les courriers dans de grands sacs postaux qu'une camionnette jaune (marquée « La Poste » ) vient chercher pour les emmener au Centre de Tri vers 18h00.

         Le soir même, car on  ne plaisante pas avec le courrier au Centre de Tri, le sac contenant ma lettre est vidé. Trié. Réparti. En fonction, notamment, du tarif d'affranchissement. Or, mon courrier a été timbré à 0,45€. C'est le tarif le plus bas…Les temps sont durs, en effet, et le directeur de l'hôpital veut rationnaliser les coûts. C'est-à-dire faire des économies…Le courrier est donc estampillé « Courrier Lent ». Il atterrit ainsi dans un grand bac contenant les autres courriers lents. Il y a là, des lettres, des prospectus, mais aucune lettre d'amour, ni aucune facture. L'amour et les factures, c'est du pressé, de l'urgent ! Pas mon courrier à moi, même si je l'attend avec une impatience grandissante…

         En ce samedi matin, le soleil se lève sur le Centre de Tri, comme il se lève ra aussi le dimanche… Le bac « Lent » est toujours au même endroit. Ils n'ont pas payé cher, alors, çà attendra !

         Le lundi arrive au Centre de Tri et les postiers prennent leurs postes (eh oui !). le bac devrait être traité dans la journée. Un postier nommé Gaston (comme par hasard) est chargé du courrier lent, car c'est le seul qu'il arrive à traiter. Et hop ! Au début de l'après-midi, mon courrier est tamponné et réparti, avec d'autres, pour la distribution.

         C'est ainsi qu'en ce mardi matin, mon facteur découvre le courrier qui m'est destiné, au milieu d'un énorme tas de lettres, d'imprimés, de prospectus, de lettres d'amour et de factures. Il se met donc en route, et après bien des boîtes, arrive à la mienne. C'est ainsi que le soir, en rentrant de l'hôpital de jour, je découvre ce courrier que j'attends, moi, depuis plusieurs jours. Le lendemain, mercredi, soit exactement une semaine après, je pourrai le prêter au médecin, à la secrétaire, aux infirmières qui n'ont pas encore reçu le leur…

         Je sais, tu sais, nous savons (de toilette) que je suis le patient impatient, mais quand même… C'est écrit « La Poste » là, non ?

 

         PS : Pour inventée qu'est cette histoire, j'ai eu le rendez-vous le 11, le courrier date du 12, le cachet de la poste (faisant foi !) date du 13…Et j'ai bien reçu ce courrier le mardi 17. Et çà, c'est pas inventé ! Mais bon, j'ai quand même eu de la chance, il n'y a pas eu, à cette période, de mouvement de grève…



21/03/2009
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