"520PF Plongée dans l'univers étrange de l'hospitalisation"

16 - Le temps passe, l'esprit erre (est-ce prière?)

Le temps passe, l'esprit erre…

 

Tous ces instants où, le corps quasi immobile, mon esprit vogue au gré de mon humeur, ont renforcé (comme si c'était nécessaire !) chez moi cette propension déjà forte aux jeux de mots. Tu l'auras constaté, déjà dans cet écrit, où les noms d'hôpitaux sonnent curieusement (tout çà pour, soi-disant, éviter de citer les vrais noms…) Que veux-tu, on ne se refait pas l'ami, et la célèbre « fiente de l'esprit » (le calembour) de Boby Lapointe a très vite envahi mon esprit alors éperdu de tant de liberté, tant d'inactivité… L'histoire de l'attente (de ma tante) l'a bien montré, mon cerveau,

lâché comme un chien fou dans l'immense prairie du temps vaqué, s'est, disons-le franchement, laissé aller ! Il n'est pas de jour sans que ne me viennent à l'esprit des déformations de phrases, de mots. Et, chaque fois, les auditeurs contraints (ou contrits) de ces fientes sémantiques sont surpris, étonnés, ils se tiennent cois (on se le demande !) Quand je dis au kiné qui masse les muscles endoloris de ma vieille jambe : « Cà tire ! » Mon cerveau pense, lui, « Satyre ! » Quand on évoque, lors d'une autre séance de kiné, le baptême des salles de rééducation du nom de régions de France, et que j'apprends que celle où je me trouve s'appellera « Salle du Boulonnais », mon esprit s'envole ! On lui a ouvert la porte et il bat la campagne, triturant la formule jusqu'à trouver le dérapage fertile, le bon mot, la fiente…Cette salle pourra donc s'appeler « Salle des Boulonnés », ou « Sale Déboulonné ! » ou même « Salle des boules au nez » ! Que faire, dès lors, du nom assez mièvre de cet endroit sinon que de s'en moquer ? Une autre fois, alors que je demande à Brigitte de poser mon plateau près de la fenêtre en disant : « De là, je pourrai me repaître du spectacle de la pluie qui tombe…Je suis poète à mes heures ! » J'entends par là que, bien sûr, « Il est poète à seize heures » ! Merci Boby de m'offrir tant de fenêtres ouvertes, autant de prairies immenses où laisser s'ébattre mon cerveau fatigué de tout ce temps perdu ! Le prisonnier que je suis parfois, regarde par le soupirail et devient ce petit nuage qui glisse là-haut, lentement. Mais il n'est que 15h40 et je poétise déjà ! Quel homme pressé du citron !

 

Festival de Cannes?



12/03/2009
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