"520PF Plongée dans l'univers étrange de l'hospitalisation"

14 - La grève

La grève

 

         Au siège du parlement européen, à Bruxelles, un artiste quelque peu provocateur a exposé une « œuvre » qui brocarde les différents pays européens en caricaturant leur travers principal. Pour la France, c’est la grève. Nous sommes, en Europe, les champions de la grève. Bien vu. Aujourd’hui, 29 janvier 2OO9, grève générale en France, ou presque. Contre plein de choses, pour beaucoup d’autres. Mais ici, pas de grève. On pense ce que l’on veut sur la situation de la France, sur des revendications, mais on travaille. On n’y est pas obligé, on pourrait faire grève, on en a la possibilité. Mais on travaille. Pour beaucoup de professionnels, c’est un cas de conscience. De conscience professionnelle, s’entend. La question qui se pose est la suivante : Si je ne travaille pas, que vont devenir les patients, et mes collègues ? Je la connais bien, cette question. Je me la suis posée assez souvent. Et, régulièrement, j’allais travailler, tout en me pensant solidaire des grévistes dont les motifs me paraissaient justes. Mais j’allais travailler. Car on dépasse, dans ce secteur de travail de l’aide à la personne, le simple combat citoyen. On est dans la valeur humaine. C’est juste l’étage au-dessus ! les valeurs humaines distillent le respect, l’honnêteté, l’importance de l’autre dans les têtes des gens. On ne fait pas ce genre de métier par hasard. Mais par choix. Dans ces métiers, l’être humain dicte son rôle au professionnel. Il y a des profs attentionnés et des profs racistes, et qu’est-ce qui les différencie ? C’est l’homme qui est derrière (ou devant) le prof. Voilà tout. Ici, quand tu discutes grève avec Brigitte qui travaille au self, le mot garde son sens, mais son rôle aussi. « J’vais l’marquer dans mon dos que chuis en grève ! » et elle continue d’accueillir les uns et les autres avec son sourire, sa bonne humeur, ses attentions délicates pour ceux qui en ont besoin. Du grand art. La grève, c'est-à-dire ne pas faire son travail, perd de son sens pour elle. Elle admet tous les motifs de cette grève : que la vie est chère, qu’il y a trop de chômeurs, etc…Elle est d’accord là-dessus. Mais elle reste fidèle au poste, le matin, le midi et le soir. Et les patients en ont bien besoin de la présence rassurante de Brigitte ! Alors la grève…la grève, çà peut aussi être la plage, que l’on parcourt à pied, lentement, avec l’eau des vagues qui te lèche les pieds…Ah ! La grève !



11/03/2009
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